Très honoré Monsieur

J’ai lu dans un buletin scientifique allemand que vous étiez sur le point de publier un travail sur les Drosera;² comme depuis quatre ans je me suis beaucoup occupé de l’étude de ces intéressantes plantes, je prends la liberté de vous envoyer le résultat de mes recherches, desquelles on peut déduire que les Drosera sont si admirablement organisées pour attrapper les insectes parceque précisement le milieu dans lequel les Drosera plongent leurs racines est totalement dépourvu de vie animale.³

Jusqu’au jour où l’on aura trouvé un instrument qui puisse signaler la présence de l’animalicité (force physique physiologique à laquelle j’ai donné le nom de Zoïcité) la Drosera sera bien précieuse aux physiologistes, car elle leur servira d’instrument de précision pour signaler et pour mesurer des agents depuis longtemps entrevus mais que jusqu’ici on n’avait su saisir.

J’ai la satisfaction Monsieur de pouvoir vous annoncer que prochainement je ferai deux nouvelles communications à l’académie des sciences, je me ferai un devoir de vous les adresser aussitôt qu’elles seront imprimées.⁴

Recevez Monsier avec mes salutations l’expression de mon plus profond respect. | Martin Ziegler

P.S. Je ne sais pas écrire en votre langue mais je lis l’anglais et je serai très heureux si vous vouliez m’honorer d’un mot de réponse.

M Z

le 21 Novembre 1874. Wesserling. Alsace

à Monsieur Charles Darwin