Monsieur,

Veuillez m’excuser de ce que j’ose me permettre de vous écrire, peut être me le pardonnerez vous en faveur de l’objet qui me le fait faire—

C’est en remarquant, Monsieur, avec quel soin vous tenez compte dans vos livres sur l’origine des espèces des moindres indices qui peuvent aider à mettre sur la voie de la vérité, que l’idée m’est venue de vous faire part d’une chose que je remarquai en Lorraine peu de temps après avoir lû votre livre de la variation des animaux et des plantes—² A la page 80 du tome I, vous donnez une figure de l’ancien porc irlandais avec appendices maxillaires aux angles de la machoîre—³

Eh! bien, Monsieur, il y a ici à Nancy beaucoup de chèvres ayant les appendices du même genre, de même longueur à peu près, mais attachés, m’a-t’il semblé, plus en arrière de la machoîre que chez les porcs, à la naissance du cou— J’ai cherché à votre chapitre relatif aux chèvres si vous aviez connaissance de ce que ces singuliers appendices se trouvaient chez elles aussi, et, n’y trouvant rien, j’ai crû que ce ne serait peut être pas mal faire que de vous en prévenir—⁴

Si la chose à quelqu’intérêt et si vous le désirez, Monsieur, je me ferai un vrai plaisir et un honneur, de vous envoyer un dessin que je ferais d’après nature avec les dimensions exactes à l’appui—

Pardonnez moi, Monsieur, de vous avoir dérangé si la chose m’en vaut pas la peîne et veuillez me croire tout prêt à vous servir—

Recevez je vous prie, Monsieur, mes civilités empressées—

H. Ramu | 27. Rue Montesquieu à | —Nancy—