Monsieur

Je ne puis assez vous témoigner ma gratitude pour la bonté et l’empressement que vous avez mis à me répondre et pour les paroles bienveillantes contenues dans votre lettre.² J’avais déjà résolu d’expérimenter plus tard sur les “inconspicuous flowers” et votre conseil me fait un devoir de mettre à exécution mon projet, aussitôt que mes autres études m’en laisseront le temps.³

Vous voulez bien me faire observer que vous n’avez pas dit que l’autogamie fût, en règle générale, supérieure à la gitonogamie. Toutefois il m’a paru que telle était la signification des passages que j’ai cités, extraits de votre beau livre “The effects of Cross & Self-fertilisation”, (pp. VII, 61, 352, 386, etc);— vous y émettez l’avis que l’autogamie est “apparently in some respects beneficial, independently of the assured production of seeds”—⁴ Ces avantages, l’autogamie ne peut—semble-t-il—les montrer qu’en donnant des produits supérieurs à ceux d’une forme d’allogamie: et comme elle est certes, en général, inférieure à la xénogamie, elle ne peut accuser cette supériorité que vis-à-vis des plantes gitonogamiques.⁵ S’il n’en est pas ainsi, je ne parviens malheureusement pas bien à comprendre la nature des avantages de l’autogamie; puis qu’il est évident que ces avantages ne peuvent apparaître que par comparaison avec un autre mode de fécondation.

Quoiqu’il en soit, j’ai cru bien faire, à la suite de votre lettre, en soulignant dans notre manuscrit les mots “if this be really the case” pour bien indiquer que vous-même ne croyez pas la question suffisamment résolue.⁶

Vous voudrez bien m’excuser d’avoir formulé les quelques remarques que je viens de me permettre et recevoir, avec mes remercîments réitérés, l’expression de mon plus profond respect. | Léo Errera